Pour les scientifique en herbe, une soutenance de thèse aura lieu au CIRAD de Montpellier très prochainement.
Voici quelques détails et un résumé pour vous mettre en appétit!!
Le lundi 7 septembre à 10h, à l'amphithéâtre Jacques Alliot, campus de Lavalette, Vincent BAZILE soutiendra sa thèse intitulée :
"Diversité des stratégies de nutrition chez les plantes à urnes du genre Nepenthes : le rôle du fluide digestif, de ses propriétés physicochimiques et biotiques"
Thèse réalisée au sein de l'Ecole doctorale GAIA, à l'Umr AMAP sous la direction de Laurence Gaume et de Gilles Le Moguédec.
Résumé de la thèse :
Dans les forêts tropicales poussant sur les sables blancs ou sur les tourbes marécageuses, la nutrition et notamment la nutrition azotée, est un enjeu de taille chez les plantes. Certaines plantes ont mis en place des stratégies alternatives d’acquisition de l’azote, comme la carnivorie. Les plantes du genre Nepenthes ont développé au cours de l’évolution des feuilles modifiées en urnes-pièges qui leur permettent, de se nourrir d’arthropodes qu’elles attirent, capturent et digèrent. Ce genre regroupe quelques 161 espèces, principalement réparties en Asie du Sud-Est et déploie une grande diversité interspécifique dans la forme de ses urnes et dans ses habitats. Pourtant on a longtemps pensé que ces espèces étaient toutes strictement carnivores. Or des études récentes tendent à montrer que certaines espèces seraient plutôt coprophages, voire même détritivores. Ces plantes auraient-elles un régime alimentaire diversifié qui expliquerait l’existence d’un tel nombre d’espèces et la coexistence de certaines d’entre elles dans les mêmes habitats? A-t-on affaire à un cas spectaculaire de radiation adaptative avec une diversification morpho-fonctionnelle en lien avec les ressources du milieu ?
Pour tenter de répondre à ces questions, je me suis intéressé à un échantillon d’espèces poussant au Brunei dans les forêts de Bornéo. Je me suis d’abord attaché à montrer que les espèces de Nepenthes diffèrent dans la richesse en azote édaphique et biotique de leurs milieux, dans leur capacité d’acquisition de l’azote et dans leurs degrés d’insectivorie, mais aussi dans les traits morpho-fonctionnels associés à la capture, dans leurs sécrétions enzymatiques et dans les cortèges d’inquilines, ou faune aquatique vivante associée au fluide. J’ai pu également montrer l’existence d’une corrélation entre les traits morpho-fonctionnels de la plante et les guildes d’insectes capturés. Dans un deuxième temps je me suis intéressé plus spécifiquement au rôle du fluide digestif et j’ai testé par des expériences de terrain si les différences physicochimiques et biotiques du fluide expliquent en partie les différences de stratégies d’acquisition de l’azote chez ces plantes. Nous verrons ainsi comment pH et viscoélasticité du fluide influent non seulement sur la sécrétion enzymatique mais aussi sur la quantité et la nature des proies capturées et donc sur le régime alimentaire de la plante. Nous verrons que ces propriétés physico-chimiques conditionnent également la richesse de l’écosystème aquatique associé au fluide, que la faune inquiline joue un rôle important dans la dégradation des proies et que la présence d’un top-prédateur s’avère essentielle dans le recyclage de l’azote à la plante. Je conclue par une synthèse dans laquelle je discute du rôle de la variation des traits physico-chimiques du fluide dans l’exploitation par la plante d’une variété de ressources et dans la probable radiation adaptative du genre Nepenthes. Elle finira par une réflexion sur les différentes formes de carnivorie qu’ils existent chez ces plantes et leurs systèmes de digestion allant d’une stratégie agressive autonome à une stratégie mutualiste, redéfinissant par là le concept de carnivorie dans le monde végétal.