Bonjour,
J'ai cru comprendre que plusieurs d'entre vous souhaitaient avoir des informations sur la culture des
Drosera du complexe
Petiolaris. J'ai donc décidé de détailler quelques techniques pour réussir la culture de ces plantes sur le long terme. A mon sens il y a encore trop peu d’amateurs qui tentent l’aventure et pourtant, ces espèces qui sont toutes plus belles les unes que les autres, sont assez accessibles. J'espère donc susciter de nouvelles vocations parmi vous.
Pour rappel, les
Drosera du complexe
petiolaris sont originaires du Nord de l’Australie, un bout du monde où le climat est de type tropical, c’est-à-dire globalement ensoleillé, chaud et humide, avec des températures comprises entre 19°C et 33°C au cours de l’année. Toutefois, la zone tropicale dans laquelle poussent ces
Drosera est soumise à deux « saisons » distinctes. En effet, une partie de l’année, les précipitations et l’humidité ambiante sont particulièrement élevées. Globalement entre les mois de novembre et avril, le milieu dans lequel poussent les
Drosera ressemble à une étuve à ciel ouvert, c’est la saison chaude humide. Les autres mois de l’année, les températures baissent légèrement mais restent tout de même élevées tandis qu’il ne pleut presque plus une goutte d’eau, il s'agit de la saison "froide" sèche. Peu à peu le sol et l’air ambiant deviennent très secs et en réponse à ces conditions particulières, les plantes entrent progressivement en dormance. La rosette de feuilles carnivores disparaît alors pour laisser place à un pseudo-bulbe semi-enterré et protégé par une épaisse couche de "duvet". Les plantes patientent dans un état de dormance jusqu’à la reprise des pluies, période à laquelle elles reformeront leur rosette de feuilles carnivores.
A ce stade, il est intéressant de se demander quelles sont les techniques de cultures offrant les meilleures conditions pour que nos protégées puissent se développer de façon optimale en respectant les périodes du cycle croissance/repos. Ces conditions ne sont pas du tout difficiles à reproduire à la maison. En effet, une installation basique accessible à n’importe quel bricoleur du dimanche tel qu’un simple aquarium avec une vitre posé sur le dessus, le tout coiffé d’une ou deux rampes de tubes néons, permet d’obtenir des résultats très satisfaisants.
Il reste néanmoins quelques points à maitriser pour réussir une fois pour toute la culture des
petiolaris sur le long terme. Dans le paragraphe qui suit, j’ai listé les principales difficultés auxquelles il faut faire face et les quelques techniques de cultures que j’ai adopté ou que je suis sur le point de tester, qui permettent de surmonter ces problèmes.
Problème numéro 1 : Les périodes de transition saison humide/saison sèche et inversement sont probablement les moments les plus délicats. En effet, in-situ, le sol ne sèche pas ou ne devient pas détrempé du jour au lendemain, tout du moins sur toutes ses couches, et les plantes tolèrent donc assez mal de brusques écarts d’humidité au niveau des racines. En culture, la difficulté majeure consiste donc à faire varier la teneur en eau du substrat de façon progressive.
Solution numéro 1 : La solution consiste à utiliser un substrat drainant mais pas trop. En effet, il s’agit d’ajouter un peu de terre argileuse (10 à 20% ?) au mélange classique tourbe blonde/sable/perlite. Je me passerai ici des détails scientifiques mais toujours est-il que cette proportion de « matériau collant » semble empêcher un engorgement trop rapide et à l’inverse un dessèchement brutal du substrat.
Problème numéro 2 : La deuxième contrainte concerne la gestion de l’humidité du substrat pendant les quelques mois de dormance. En effet, même si in-situ, le sol sèche presque totalement en surface (jusqu’à formation d’une croute de dessiccation dans la partie très superficielle), les couches inférieures du sol restent « fraîches » et légèrement humides. Ce serait donc une grosse erreur de cultiver un
Drosera du complexe
petiolaris comme un cactus. Ici, le challenge consiste donc à maintenir une humidité légère autour des racines durant les quelques mois de dormance, sans avoir à arroser (ou presque) ni par le haut ni par le bas pendant cette période.
Solution numéro 2 : En culture, la solution consiste à utiliser des pots assez profonds. En considérant une hauteur de 18 cm, les racines peuvent suffisamment se développer pour rejoindre les poches d’humidité situées dans les moindres recoins du pot. Pour ceux qui ont la chance d’avoir suffisamment d’espace de culture, je pense que des pots de 22 cm de haut sont encore mieux.
En complément de ces deux solutions, il faut garder l’enceinte de culture bien fermée pour limiter un maximum la perte d’humidité du substrat par évaporation sachant qu’il y a assez peu d’évapo-transpiration de la part des plantes quand elles sont sous forme de pseudo-bulbe.
Les variations de températures, couplées aux variations d'humidité du substrat, semblent avoir un impact très significatif sur le cycle croissance/dormance. En effet, j'ai constaté qu'une baisse des températures nocturnes s'étalant sur plusieurs semaines semble déclencher la période de dormance, tandis qu'une remontée de celles-ci provoque au contraire la reprise de la pousse. Il faut donc également être attentif à ce point. Quoiqu'il en soit, j'ai remarqué que les hybrides sont plus résistants aux variations d’humidité du sol pendant la dormance que les espèces types.
En résumé, pour réussir les
Drosera du complexe
petiolaris il faut :
1. Une enceinte fermée du type aquarium/terrarium sachant que des demi-bouteilles retournées sur les pots font également l'affaire
2. Un éclairage assez puissant et qui chauffe comme les lampes fluorescentes mais une exposition derrière une fenêtre au sud-est ou sud-ouest convient aussi pour les espèces les moins exigeantes et hybrides
3. Des contenants très hauts type pots à rosiers
4. Un substrat moyennement drainant avec, en option, un peu de terre argileuse pauvre en nutriment
5. Surveiller régulièrement l’aspect des rosettes et notamment la taille des nouvelles feuilles pour savoir quand arrêter ou redémarrer l’arrosage.
6. Ne jamais descendre en dessous de 18°C et maintenir si possible les températures diurnes au-dessus de 25°C
Une photo de mon terrarium:
Amicalement,
Damien